Lieutenant Spillmann

Le lieutenant Spillmann

Mis à jour : vendredi 12 août 2011 16:35
Le véritable créateur du bureau des A.I. de Ouarzazate


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En février 1927, en poste à Telouet sur décision du commandant Chardon, le lieutenant Spillmann, qui venait de remplacer le lieutenant Paulin muté à la construction de la route du Tichka, eut pour mission de créer dès que possible un poste militaire et un bureau des Affaires indigènes à Taourirt du Ouarzazate.
A l’époque la future route du Tichka dépassait Zerekten d’une dizaine de kilomètres mais n’allait pas au-delà d’Areg, terminus des chantiers.
A la fin de l’hiver, Spillmann se rendit à plusieurs reprises à Taourirt du Ouarzazate, où il était reçu par le vieux Si Hammadi el Glaoui, frère du Pacha de Marrakech, et représentant de son neveu, le caïd Si Hamou el Glaoui.
Il fit ensuite une reconnaissance de dix jours à l’ouest de Telouet, dans le Tidili, la haute vallée du Tifnout, le Haut Souss, puis il descendit par le Tizi n’Ouicheddene dans la vallée du Nfis d’où il regagna Marrakech. Il avait avec lui le Dr Routhier, médecin-chef de l’hôpital indigène Mauchamps, à Marrakech, l’ingénieur des mines Nelter et un officier topographe.
Le lieutenant Spillmann, devenu général, a écrit trois ouvrages sur son épopée marocaine.  Les deux premiers continuent à faire référence.
- Tribus berbères. Tome II. Districts et tribus de la Haute Vallée du Dra'.
Note provisoire sur les vallées du Todgha, de l'Imider et du Sgho Oriental.
Ed. Honoré Champion 1931
- Les Aït Atta du Sahara et la pacification du Haut Draâ. Ed. Félix Monchot Rabat 1936
- Souvenirs d’un colonialiste. Presses de la Cité 1968
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Première étude du cpt Spillmann
et quelques photos du contenu
Archives Daniel Rodier
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Une meurtrière épidémie de typhus sévissait alors à Marrakech et dans la plaine du Souss. Le bruit s’était répandu qu’elle avait son origine en commandement Glaoua, dans le Tifnout. Pourquoi ne l’avais-je pas signalé ? La Résidence s’en était émue et le Dr Routhier avait été prié de faire l’enquête qui devait me confondre. Nous ne trouvâmes trace nulle part de typhus, sauf dans le Souss, qui n’était pas en pays Glaoua, et à Marrakech, bien évidemment. Aussi demandai-je dans mon rapport qu’on prît d’urgence des mesures pour mettre les tribus dudit commandement glaoua à l’abri de la contagion venant de l’extérieur.
Extrait du livre de général Spillmann : Souvenirs d’un colonialiste.
En novembre 1927, Spillmann effectua une reconnaissance de quinze jours, de Telouet à Bou Malem du Dadès. Il était accompagné du lieutenant de vaisseau Robert Montagne, professeur à l’institut des Hautes Études Marocaines, du médecin du groupe sanitaire mobile de Marrakech et du lieutenant Jean-Théophile Delaye, du service géographique du Maroc, dessinateur de talent. Cette reconnaissance de contact avec les tribus locales faillit bien brouiller Spillmann avec les Glaoua. En effet, dès son retour à rabat, le lieutenant J. T. Delaye avait envoyé à son insu, un article à L’Illustration, qui s’était empressée de le publier. Il y était dit qu’un jeune officier des A.I. menait à la barbe des seigneurs de Telouet une politique fort habile qui ralliait à la France des populations lasses des exactions dont elles étaient victimes. Le pacha de Marrakech, on le conçoit aisément, prit fort mal la chose et il fallut l’intervention du général Huré, chef de la région militaire de Marrakech, auprès du Pacha pour calmer l’affaire.
Le général Huré obtint peu après l’accord du pacha de Marrakech pour l’installation dans le district du Spillmann_copyOuarzazate d’un Bureau des Affaires Indigènes et d’un poste militaire, tenu par le 35e Goum.
Laissant son adjoint, le lieutenant Beaurpère, comme chef de poste de Telouet où il fut en charge de créer le 36e Goum, Spillmann partit à la fin de l’hiver 1928 pour Taourirt avec le 35e Goum et un convoi civil de 250 chameaux transportant les vivres et les munitions du nouveau poste à construire. Il choisit pour l’installer une colline au sommet plat, en bordure de l’oued, dominant le ksar de Taourirt et où se trouvaient les ruines d’une ancienne forteresse des sultans. Trois des épais murs de l’enceinte fortifiée étaient encore parfaitement utilisables.
En liaison directe par radio avec Marrakech, Spillmann commença la construction du poste en même temps qu’il faisait préparer un terrain d’aviation. Dans le cadre de l’organisation du bureau des Affaires Indigènes, il reçut comme adjoint, le lieutenant du Plessis de Grénédan avec qui il regroupa les hommes de la Fezza du Dadès et du Todgha à Tinerhir pour appuyer le khalifa du Glaoui, fort menacé par les tribus locales, et installa une garnison de 100 partisans à Kelaa des Mgouna.
Pendant ce temps, le lieutenant Paulin, secondé par une compagnie de sapeurs-pionniers de la Légion, poussait activement les travaux de la piste autocyclable du col du Tichka en direction de Ouarzazate qu’il devait atteindre en décembre 1928.
"Parmi la pléiade d’officiers qui travaillait sous les ordres du lieutenant-colonel Chardon, une mention spéciale doit être donnée au lieutenant Spillmann. Déjà adjoint du capitaine Chardon à Azilal en 1921, il eut, comme chef du Bureau des A.I. d’Agdz, la confiance totale du commandant du Territoire, et c’est lui qui fut chargé d’organiser et de mener à son terme la pacification de la vallée du Draa jusqu’à Mhamid."
Général Huré

En poste à Zagora, un jour à un officier de l’Etat-Major des Troupes du Maroc, qui le flélicitait d’avoir vaincu tant d’ennemis avec si peu de pertes, il répondit : "Sachez, Monsieur, qu’ici, il n’y a pas d'ennemis à vaincre, mais seulement des rebelles à ramener sous l’autorité du Sultan”.

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