La famille Balmigère prit une part active à la préparation de la maison, qu’elle dut quitter quelques jours auparavant afin de transformer celle-ci en modeste palais. Les murs du jardin furent provisoirement rehaussés, la maison vidée de ses meubles et remeublée “à la marocaine”.
Le lendemain matin, avant son départ, le souverain tint à ce que la famille du chef de Cercle lui soit présentée.
“Dans le beau jardin, plein de roses, auprès de la piscine construite par mon père, Sa Majesté était assise dans un fauteuil. Son épouse, mère du Prince, était à ses côtés. Le Prince Moulay Hassan, debout, non loin d’eux. L’entrevue fut, naturellement, courte, mais extrêmement courtoise.
“Ma mère, mes sœurs et moi-même, reçûmes chacune, en remerciement, un joli bracelet marocain en or. Maman, émue, remerciait S.M. Sidi Mohamed pendant que mon père, très à l’aise, bavardait avec le Prince Moulay Hassan, lui demandant aimablement s’il avait passé une bonne nuit. Le Prince, souriant, lui répondit : “Votre bibliothèque m’a fasciné, et j’ai commencé un des ouvrages d’Anatole France, si magnifiquement relié. Je ne l’ai malheureusement pas achevé...”. Il le tenait à la main. Sur quoi mon père répliqua qu’il le lui offrait très volontiers pour qu’il puisse en achever sa lecture. Le Prince ravi nous apprit qu’il devait passer son bac la même année et qu’il adorait lire.
“La suite de cette scène mémorable, s’envole dans une spirale d’or, ressemblant à un vent de chergui, emportant mes souvenirs d’enfant et d’adolescente. Le petit car gris, aux rideaux baissés, qui emmenait la suite accompagnant Sidi Mohamed fut la dernière vision de la matinée, où le cortège impérial quitta, pour la vallée du Dadès, Ouarzazate, si cher à mon cœur...”.
Anne Barthélémy-Balmigère 1970
"Les Français, gaullistes et miterrandiens, appréciaient chez Hassan II un militantisme francophone d’autant plus remarquable que le Maroc conservait une forte identité culturelle.
Parmi les “gestes” dont il avait le secret, il y eut ses donations financières pour la restauration du château de Monte-Christo à Port-Marly, qu’Alexandre Dumas avait fait édifier avec les droits d’auteur du célèbre roman. Selon la légende, Hassan II possédait les oeuvres complètes de Dumas dans chacun de ses palais..."
Jean de la Guérivière, ancien correspondant du journal Le Monde au Maroc, dans son livre Amère Méditarranée, le Maghreb et Nous. Seuil 2004.
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