Commandant Balmigère

Le commandant Balmigère

Mis à jour : lundi 9 septembre 2013 10:39
En partie d’après les mémoires d’une de ses filles, Anne Barthélémy-Balmigère (1970)

Né en 1894, la Première Guerre mondiale scella le destin de Gaston Balmigère. A 20 ans, ingénieur des Arts et Métiers, il fut appelé sous les drapeaux en 1914. Le goût des armes fit de ce jeune lieutenant de réserve, un officier d’active en 1916.
En 1921, à 26 ans, il arrive au Maroc comme lieutenant au 14ème Tirailleurs à Taza; trois mois plus tard, il passe au Service des Renseignements qui va devenir plus tard le service des Affaires Indigènes.
En 1924, en pleine guerre du Rif, il est en Poste à Taounate où, bravant les interdits de la hiérarchie militaire qui préconisait le regroupement des épouses, des bleds isolés sur la ville de Fès, il y garde clandestinement son épouse et sa petite fille.
En 1926, il est en poste à Tissa. Après avoir dégagé par une opération risquée avec son goum le futur gendre du général Freydenberg en bien mauvaise posture à Taounate assiégé, il reçoit le Légion
d’Honneur et est affecté au Bureau des Affaires Indigènes de Fès. L’année suivante, il passe chef du Bureau d’Aïn Defali, où nait sa deuxième fille.
En 1933, il est chef de Poste de A.I. à Zagora et en 1936, chef de Cercle à Ouarzazate.


Balmigre_et_khalifa_du_Glaoui
Le commandant Balmigère avec le khalifa du Glaoui
Archives famille Balmigère


Une vie de fillette à Ouarzazate
surnommée Minouche à l’époque
"En 1924, bravant les interdits de la hiérarchie militaire qui préconisait le regroupement des épouses des bleds isolés sur la ville de Fès, ma mère était restée clandestinement à Taounate. Jeune, amoureuse, pleine de courage, elle supportait sa deuxième grossesse avec joie, refusant d’abandonner son mari. Les jumeaux qu’elle mit prématurément au monde, une nuit d’orage, avec la seule aide d’un jeune vétérinaire de l’armée inexpérimenté, ne vécurent que vingt-quatre heures, faute de couveuses et de soins appropriés pour les maintenir en vie.
"Chez Dimitri le Grec, j’ai quelquefois trinqué ma grenadine d’enfant avec le rouge des légionnaires comme un vieux routier du Sahara. Sur le coup de 10 heures du matin, la Minouche était là qui échangeait pour leur plus grande joie un rond de saucisson sur le zinc avec les képis blancs venus construire les routes, quasi inexistantes dans la région... Vrai garçon manqué, je connaissais tous les coins et recoins du poste, tous ses habitants - ils n’étaient pas nombreux - berbères, arabes et européens, petits et grands, et tous me connaissaient. Ma liberté était celle d’une petite gazelle de la Hammada qui se savait partout en sécurité et courait en short et chemisette à travers le pays - je parlais le chleuh et l’arabe... Et puis, je le répète, tous les enfants du pays étaient mes amis, européens et marocains.
"Bark, mon cher Bark, l’ordonnance de mon père, était chargé... de me ramener de mes folles randonnées à la maison. Pour la forme, il me chapitrait bien un peu, mais il m’avait trop souvent fait sauter sur ses genoux quand j’étais bébé... Il n’avait pas le courage de me gronder trop fort.
"Notre joie était à son comble lorsque papa nous annonçait à ma sœur et à moi qu’il nous emmènerait le lendemain “en tournée”. Cela signifiait pour nous toute une journée, parfois deux, avec étapes dans un poste voisin, d’exaltantes balades en voiture à travers le vrai bled... Il nous arrivait parfois de faire certains parcours dans la montagne, du côté de Boumalne du Dadès par exemple, à dos de mulet. Et la rude selle berbère recouverte de tapis à poil ras nous râpait pour plusieurs jours la tendre peau de nos jambes nues.
"Que de fois n’ai-je pas sillonné, de 6 à 13 ans, les pistes autour de l’oued Ouarzazate, plus spécialement rive gauche, vers Tabount. Les “gosses de l’orphelinat” chantaient avec moi, à tue-tête, dans le bled : “Une fleur au chapeau, à la bouche une chanson”, ou quelqu’autres refrains aussi connus. En retour, ils m’apprenaient tout ce que je sais encore aujourd’hui, et qui étonne tellement les Marocains : les couplets de l’Ahouache de Taourirt, ou de Telouet, les comptines des petits bergers de l’Atlas, les noms des animaux, du scorpion au moustique, et puis, à compter - ce que je sais encore - dans cette langue qui me ravira toujours : le tachleuheit ! Nos échanges étaient complets."

 

Balmigre

 

La fin d'un grand homme

Je me souviens du ton passionné de ma mère.
Elle nous décrivait avec enthousiasme leur adhésion,
la sienne et celle de mon père, à l’institution du Protectorat naissant...
Il devint peu à peu un arabisant et berbérisant fort apprécié...

Décédé à Rabat le 29 octobre 1949, après quatre ans d’une maladie, consécutive à celles qu’il avait contractées en service commandé, suivant ses dernières volonté le corps du commandant Balmigère fut ramené à Ouarzazate pour y être enterré et où son cercueil arriva sur un command-car des goums.
Sa dernière volonté fut respectée pendant près de quinze ans. Il reposa au milieu de sa chère tribu des Aït Ouaouzguite, jusqu’au décret royal qui ordonna de vider les cimetières de bled, afin de libérer les terrains, pour procéder à des agrandissements urbains.
La plupart des corps furent alors ramenés en France. Mais, certains, comme celui de Balmigère furent regroupés à Ben M’Sik, où, selon les accords passé, la France avait le privilège d’offrir ce “coin de terre marocaine” à ceux de ses fils dont l’ultime souhait avait été de demeurer sur un sol, où s’était écoulée leur vie d’hommes actifs, dans l’accomplissement de leur idéal. Cet homme, surnommé par tous, à la fin de sa carrière, le “Père de Ouarzazate”. Personnage quasi maraboutique, dont le souvenir se perpétua longtemps dans la tradition orale à Ouarzazate.
Déçu, il le fut quand, en 1943, fut annulée sa “feuille de route” pour la campagne d’Italie, qu’il aurait du faire aux côtés de son vieux compagnon d’armes du Rif, le Général Juin, futur Maréchal de France.
Je l’ai vu essuyer une larme, et serrer les dents, pour accepter ce sacrifice, et parachever sa mission sur place. Sacrifié, il le fut, par les autorités qui l’estimaient, sans doute, plus indispensable dans le Sud.” Le vieux soldat qu’il était, dut s’incliner devant ce choix. Sa compréhension de ce territoire de Ouarzazate, et de la tribu des Aït Ouaouzguite était si grande, qu’il fut maintenu à son poste.
Mais il ne résista pas aux dix années consécutives, sans changement de climat, passées entre Zagora et Ouarzazate, et sa santé, déjà très éprouvée par un vieux et tenace paludisme, par le typhus et la typhoïde, s’altéra brutalement en août 1945.
Pour finir sa vie, il y eut quatre années de souffrances, qui clôturèrent durement cette magnifique vie d’homme, souffrances partagées et supportées par toute une famille, le prix du sang, tribut lourdement payé, pour 26 ans au service du Maroc et de la France.

La belle Arkïa, la miraculée

Arkia_miracule

Une autre miraculée du typhus, Arkïa, une belle parmi les belles, superbe type de noire, dont les ancêtre venaient probablement du Soudan, avait été retrouvée mourante, sur la route de Zagora, auprès de se parents décédés. Elle devait avoir approximativement 18 ans en 1936.
Après sa résurrection spectaculaire, elle se vit confier la surveillance des filles, pensionnat et atelier, pour l’ascendant qu’elle exerçait, avec une autorité innée et hautaine, qui lui était propre. Il fallait bien trouver une forte personnalité pour se faire obéir des nombreuses fillettes de l’orphelinat.
Arkia fut une des figures de femmes marquante de mon enfance, par son sourire éclatant, sa force, sa beauté et l’affection qu’elle me vouait, en réciprocité à ce que je ressentais pour elle.
A.M. Barthélémy-Balmigère

L'atelier du peintre


Sa fille Anne vécut avec le commandant Balmigère à Ouarzazate entre 1935 et 1945. Dans le livre où elle a réuni son œuvre artistique (1) on peut lire :
Des longues heures écoulées devant sa table à dessin, restent aujourd’hui les illustrations de ce livre. Celles de l’ethnographe traquant le détail, poursuivant la beauté des formes, stylisant les symboles et fixant avec maîtrise les techniques millénaires, les secrets des maâllemin orfèvres, les gestes et le génie des tisseuses Aït Ouaouzguit.
L’art, l’histoire et la philosophie animaient son univers intérieur. Ingénieur des Arts et Métiers de formation, il avait l’oeil averti et la main initiée à la perfection du trait comme à l’équilibre des couleurs.
Dans ses dessins, le miracle de l’art fixa l’image des tribus vivant autour de Ouarzazate comme à travers un objectif ultrasensible, différent de la photographie car son talent allait traduire du même coup l’effort, la patience, et par dessus tout, son émotion.
Il a par ses compétences coopéré activement à l’expérience rénovatrice des services de Prosper Ricard. Il eut l’heureuse idée de répertorier pour son intérêt personnel - et son plaisir -, en les dessinant avec le talent qui lui était propre, les pièces exceptionnelles qu’il contemplait quotidiennement autour de lui au cou, sur les coiffes et les robes des femmes des tribus qu’il connaissant si bien.

Tazra

(1) TAZRA. Tapis et bijoux de Ouarzazate,
illustrations de Gaston Balmigère.
Edisud 1990


Pour exercer ses dons de dessinateur et de peintre, le commandant Gaston Balmigère avait fait aménager une pièce, au bout de l’aile sud de la maison d’habitation qui était réservée au responsable du bureau des Affaires Indigènes.
Dans cette galerie-atelier, où tout était minutieusement rangé, une table de travail, large plateau de bois sur tréteaux, était le lieux favori où, assis sur un simple tabouret à vis, mon père a passé de longues heures de son temps libre, pendant plus de quatre ans, à reproduire à la plume et au pinceau, à la gouache ou à l’encre de chine, sur planches indépendantes, les bijoux et les tapis, les plus beaux des Aït Ouaouzguit. Ce travail d’archiviste représente aujourd’hui un grand intérêt pour l’ethnographe ou le chercheur sensibilisé à ces arts traditionnels, exécutés à cette époque.
Dans l’entrée principale de la maison, des vitrines, spécialement conçues par le commandant et éclairées le soir, révélaient aux visiteurs ses découvertes de terrain. C’est, entre autres, lui qui trouva le premier filon d’améthyste au Nord d’Amerzgane sur la route du Tichka. L’amiante, le cuivre, le noir manganèse, s’y côtoyaient avec le cobalt, le nickel, le tungstène ou l’antimoine, dans les lumières, sur fond de velours bleu nuit, témoignant des diverses richesses minières du sous-sol de la région.


La renaissance du tapis ouaouzguit

Le grand défenseur du tapis tissé fut Prosper Ricard, connu par son œuvre devenue la bible du tissage, le Corpus des tapis marocains. Sa rencontre à Marrakech, en février 1934, avec le colonel Chardon, alors en poste à Ouarzazate, fut déterminante. Ensemble, ils entreprirent une expérience à partir de l’étude du capitaine Dorinet : Un essai de rénovation de l’industrie familiale du tapis Ouaouzguit (Revue Nord-Sud, n°20, 1934). Sous les directives et avec l’aide matérielle des services de Prosper Ricard, commença à Ouarzazate la relance de cette fabrication artisanale. Une coopérative fut créée.

Un an plus tard, en 1935, venant de Ouezzane, puis de Zagora, le capitaine Balmigère arrive à Ouarzazate où il est nommé commandant chef de Cercle. Le 3 août 1937, il crée l’École artisanale de Ouarzazate. Ses artisans sont les orphelins rescapés de la terrible épidémie de typhus qui ravagea des familles entières du Haut Drâa.
Les soixante jeunes filles et garçons de l’orphelinat fondé par le commandant Balmigère apprennent dans les ateliers organisés pour eux les arts traditionnels du tissage, de l’orfèvrerie, du bois et du cuir.
La culture de l’indigotier est relancée dans le Haut Drâa et à Skoura. Des recettes retrouvées par les vieilles femmes permettent de reprendre la composition des procédés tinctoriaux naturels. L’indigotine qui en est extraite - le nilh ou nila - donne un bleu subtil, incomparable, fréquemment utilisé dans les anciens ouvrages et produisant en vieillissant des teintes pastels d’un effet exquis. Les meilleures tisseuses reçoivent des primes et viennent exposer leurs œuvres. La réussite est grande.


Tapis

A la Foire artisanale de Marrakech,
le stand de Ouarzazate reçoit les honneurs des autorités, de la presse (Hesperis, 1942) et des spécialistes qui attirent l’attention du monde entier sur la valeur, le charme et les qualités de cette fabrication artisanale.


Malgré la Seconde Guerre mondiale, les amateurs et les collectionneurs affluent. Bien qu’il y eut une absence totale d’hôtels et de circuits touristiques, acteurs, hommes politiques, écrivains et artistes se succèdent dans les modestes chambres d’hôtes de la ville naissante. L’artisanat des tribus arabes, berbères et juives confondues révèle la surprenante originalité de leurs créations artistiques et locales.


François Bonjean
. Extrait de : Au Maroc en roulotte. Hachette 1950
Voyage effectué en 1946-1947

Le Centre de Ouarzazate est le siège de la S.C.A.T.O., Société Coopérative Artisanale de Tisseurs et Tisseuses de Tapis Ouaouzguit. Le centre principal de tissage est Tiouine, route de Tazenakht, en face de la mine de manganèse.
En 1934, les signes de décadence de cet art traditionnel se multipliaient. On ne comptait plus qu’un petit nombre de métiers en train, et la substitution des couleurs d’aniline aux teintures végétales s’était généralisée. C’est le commandant Balmigère, chef de Cercle, qui eut l’heureuse initiative en 1936, de créer la première coopérative destinée à relancer la productions des tapis ouaouzguit.
La S.C.A.T.O. achète elle-même la laine, les teintures végétales, les fournitures et les vend au prix coûtant aux coopérateurs. En réalité il ne s’agit pas d’une vente, mais d’une avance. Les tisseuses, au nombre d’une centaine, fabriquent leurs tapis dans leur foyer. L’expérience a montré la supériorité du travail à la maison sur le travail d’atelier. Les résultats de ce travail à domicile sont intéressants pour l’indigène aussi bien moralement que matériellement.
Le décor des tapis ouaouzguit est constitué par des figures géométriques, stylisation des objets familiers ou même des paysages. On demandait à une fileuse ce qu’elle avait voulu représenter. Elle répondit : “Ce tapis ? C’est le printemps...
Les tapis exposés sont en effet fort beaux et, de plus, très solides. Les bijoux d’argent, œuvre d’un artisan juif du Centre, présentent, selon certains, des ressemblances avec les bijoux mérovingiens. La poterie,décorée au goudron, rappelle celles de Grèce, de l’Egypte, du Soudan et celle de Fès. Les cuirs, tannés sur place, justifient leur vieille réputation.

Les artisans se servent du takkaout comme mordant et fixatif. Deux teintures sont utilisées : la garance du pays, qui donne le filali rouge ou rase, et l’écorce de grenade, avec laquelle on obtient le beau jaune. Pour les tapis, le mordant est l’alun. Celui-ci se trouve à l’état brut en montagne. La couleur bleue est fournie par la feuille lancéolée de l’indigo. Il s’agit là d’une vieille culture du Sud, que l’on essaye de réimplanter dans la vallée du Drâa.


1936/37. L’oeuvre d’un Cercle
Pierre Dumas. Extrait de son reportage pour la revue Sud-Ouest économique, numéro spécial sur le Maroc de 1937.
En un seul jour, il me fut donné de deviner la somme de travail et d’initiative que déploient nos officiers des Affaires Indigènes. Le matin, on m’amena à une source réputée, petite oasis... J’y trouvai une équipe d’ouvriers captant l’eau pour l’amener à la population militaire et indigène de la première “capitale” du Sud. En France, il faudrait, avant de réaliser cette adduction, des projets, des contre-projets, des approbations, des devis... des mois d’hésitation... et des millions de francs. Ici, en un an, tout est réglé... et pour une somme minime.
Dans cette même matinée, je vis l’équipement d’un souk. Évidemment pour installer ce marché, on n’a pas eu besoin d’enquête préalable, ni d’expropriation, ni de vues mesquines. On a, dans un vaste espace nu, tracé un carré... et aussitôt les ouvriers, truelle en main, ont construit un mur d’enceinte, une porte monumentale - style soudanais - sur laquelle des artistes sont en train de peindre des fleurs irréelles et un cadran de pendule sur lequel les aiguilles ne se promèneront jamais.
Puis des alvéoles pour marchands se sont accolés aux murs... enfin, après le parc aux ânes, le garage pour autos, l’abattoir en plein air, le logement du concierge, l’abri pour étrangers de passage; on installe maintenant un moteur qui distribuera aux hommes et aux animaux l’onde la plus pure.
Dans ces mêmes parages, il y a dix ans, les souks étaient à moitié désertés et ceux qui avaient lieu devaient être protégés contre les bandits par les guerriers de la tribu, armés jusqu’aux dents.
Dans ce même Ouarzazate, on a ouvert une exposition... Oui, parfaitement, une salle d’exposition permanente, où les femmes du bled apportent les tapis qu’elles confectionnent sur les directives des A.I., qui ont rénové cette industrie familiale.
Mais une des curiosités locales est certainement la pépinière, le jardin d’essai. Quand je vous dis que les officiers des A.I. sont tout... même agriculteurs. L’un de ceux-ci me présente son œuvre avec passion. Jamais, non jamais, je n’ai trouvé de paysan plus attaché à son morceau de terre que cet homme à quatre galons (1); jamais je n’ai rencontré un jardinier plus passionné pour ses semis; jamais je n’ai vu d’yeux plus angoissés ou plus orgueilleux que ceux-ci devant un plant qui ne “racine” pas. Au pied du poste militaire, au bord de l’oued, sur un emplacement parfaitement inculte et sec et sec il y a trois ans, je vois aujourd’hui toutes sortes de légumes, d’arbres fruitiers, de cultures maraîchères. Comme dans les jardins de France, l’eau court dans les rigoles de terre et les soins vont, tout comme chez nous, jusqu’à abriter les plantes trop fragiles de la chaleur, du vent, du froid, par toute sorte de “couvertures” appropriées.
Nous peuplons toute la région de verdure en même temps que nous apportons l’aisance et la prospérité”, me dit l’officier jardinier qui distribue tous les ans 1500 amandiers et 800 acacias.
“Nous avons fait planter un noyer dans le jardin de chaque famille. Voici nos cultures acclimatées, nos asperges, nos choux, notre ricin. Enfin voici une des richesses du pays : les roses. On vend tous les ans, dans cette région, 80 tonnes de pétales séchés. Mais, comme les indigènes sont exploités par les acheteurs citadins, nous envisageons de créer sur place une petite usine de distillation, de manière à donner à nos gens un bénéfice maximum.

(1) commandant Balmigère, chef de Cercle à l’époque
Les tubes de roseaux
Les jours d’audience, demandeurs et défendeurs venaient avec leurs preuves, témoins et actes multiples. Ces derniers, pourvu qu’ils fussent un peu anciens, étaient souvent rédigés sur des feuilles de vieux papiers tenues enroulées dans des tubes fait avec des tronçons de roseaux d’une vingtaine de centimètres de long et d’un format d’en général trois centimètres. Il était fréquent de voir arriver des plaignants avec des sacs pleins de tels documents ! Ainsi, ils étaient mieux conservés que ceux rédigés sur simple papier et souvent entreposés dans les agadirs igountar, documents importants qui arrivaient parfois bien détériorés par les rats.
Il fallait voir avec quelle dextérité et rapidité les inflas (juges) donnaient lecture en traduisant directement en berbère les actes rédigés en arabe; une vraie traduction simultanée avant l’heure. Ces inflas, en lisant un acte en partie rongé par les rats, intercalaient la mention “bin igherdaïn” (les rats l’ont coupé) à chaque manque de texte, et poursuivaient sur le même ton imperturbable leur lecture sans marquer de temps d’arrêt !

 

 

Des qualités reconnues de tous

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1946. Lettre de félicitations du "trop" célèbre Philippe Boniface
Directeur des Affaires Politique du Maroc,
lors de son départ à la retraite...

 

 

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24 novembre 1949. Transfert au cimetière de Ouarzazate
des restes du commandant Balmigère décédé à Casablanca.

 

 

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22 avril 1968. Regroupement des restes du commandant Balmigère
au cimetière militaire de Ben M'Sik à Casablanca.