Colonel Chardon

Le bureau des A.I. de Ouarzazate

Mis à jour : vendredi 12 août 2011 16:30

Photos issues des archives Balmigère

En 1928, le général Huré, alors chef de la Région de Marrakech, obtient l’accord du Pacha pour l’installation dans le district de Ouarzazate d’un bureau des Affaires Indigènes et d’un poste militaire tenu par le 35e goum, l’ensemble aux ordres du lieutenant Spillmann, en poste jusqu’alors à Telouet.
Très sommairement installé à Taourirt de Ouarzazate, Spillmann pousse des reconnaissances en direction de la Kelaa des M'Gouna où il installe une première garnison d’une centaine de partisans.
Puis, mettant à profit la nature du terrain, il aménage un terrain d’aviation à Taourirt.
De son côté, le capitaine Paulin pousse activement les travaux de pistes sur le versant méridional de l’Atlas pour atteindre Ouarzazate. Cela sera chose faite en décembre 1928.
La Légion commence alors la construction de sa redoute sur une colline à un kilomètre de la kasbah de Taourirt.

Annexe_A.I._Ouarzazate
Balmigre_Cercle_AI
Le bureau des Affaires Indigènes en 1936
avec la voiture du commandant Balmigère

Le Bureau des A.I. de Ouarzazate est bientôt érigé en Cercle sous les ordres du lieutenant-colonel Chardon, qui va y imprimer sa marque profondément humaine : une action politique patiente qui permet de faire connaissance et d’organiser des chantiers de pistes qui ouvrent le pays à la vie économique.
L’occupation progressive des ksour des palmeraies du Territoire de Ouarzazate exige des goums un effort continu. Pendant que le chantier de la piste s’allonge jour après jour, les officiers se livrent à un travail politique intense, appuyé par de nombreuses reconnaissances sur le territoire des tribus qui ne sont pas encore officiellement ralliées.
Tâche ingrate qui déçoit certains jeunes officiers avides d’aventures, bouillant d’une ardeur mal contenue et rêvant de combats héroïques et de gloire militaire : ”Récompenses et citations vont à ceux qui font la guerre, et non à ceux qui dirigent les chantiers de pistes.


Extrait d’un article de Pierre Dumas paru dans un numéro spécial sur Le Maroc et ses relations avec Bordeaux, de la revue Le Sud-Ouest Économique, mai-juin 1936.

A Ouarzazate, il me fut donné de voir la somme de travail et d’initiatives que déployaient les officiers des A.I. On m’amena à une source réputée, située à quelques kilomètres du poste. Le site était une petite oasis... J’y trouvai une équipe d’ouvriers captant l’eau pour l’amener à la population militaire et indigène de la première “capitale” du Sud. En France, il aurait fallu, avant de réaliser cette adduction d’eau, des projets, des contre-projets, des approbations, des devis... des mois d’hésitation... et des millions de francs. Ici, en moins d’un an, tout fut terminé... et pour une somme minime.


Souk_archives_Balmigre

L'hôtel Salam est installé sur l'emplacement de l'ancien souk


"Je vis l’équipement d’un souk. Évidemment pour installer un marché, nos officiers des A.I. n’ont pas eu besoin d’enquêtes préalables, ni d’expropria-tions, ni de tractations mesquines. Ils ont, dans un vaste espace nu, tracé un carré... et aussitôt les ouvriers, truelle en main, ont construit un mur d’enceinte, une porte monumentale - style soudanais - sur laquelle des artistes ont peint des fleurs irréelles et un cadran de pendule sur lequel les aiguilles ne se promèneront jamais. Puis des alvéoles pour marchands se sont accolés aux murs... enfin, après le parc aux ânes, le garage pour les camions, l’abattoir en plein air, le logement du gardien, l’abri pour les étrangers de passage, puis l’installation d’un moteur pour distribuer aux hommes et aux animaux l’eau si indispensable. Dans ces mêmes parages, il y a dix ans, les souks étaient à moitié désertés et ceux qui avaient lieu devaient être protégés contre les bandits par les guerriers de la tribu, armés jusqu’aux dents.


"Dans ce même Ouarzazate, on a ouvert une exposition... une salle d’exposition permanente où les femmes du bled apportent les tapis qu’elles confectionnent sur les directives des Affaires Indigènes, qui ont rénové cette industrie familiale. Une des curiosités locales reste la pépinière, le jardin d’essai. Au pied du poste militaire, au bord de l’oued, sur un emplacement parfaitement inculte et sec il y a seulement trois ans, on voit aujourd’hui toutes sortes de légumes, d’arbres fruitiers, de cultures maraîchères. L’eau court dans les rigoles de terre et les soins vont jusqu’à abriter les plantes trop fragiles de la chaleur, du vent, du froid, par toutes sortes de “couvertures” appropriées.
"Cette année, les Affaires Indigènes comptent distribuer à la population 1500 amandiers, 800 acacias, 2000 mûriers. Les officiers ont fait planter à chaque famille un noyer. On a acclimaté le ricin, les choux, et même les asperges. La richesse du pays ce sont les roses. On vend tous les ans dans la région 80 tonnes de pétales séchés, mais comme les indigènes sont exploités par les acheteurs citadins, on envisage déjà de créer sur place une petite usine de distillation de l’eau de rose, de manière à donner aux producteurs un bénéfice maximum...
Je vous ai dit ce que j’avais visité à Ouarzazate, mais le travail est identique dans tous les autres secteurs, car j’ai vu aussi la justice, les routes, les dispensaires et les jardins d’essai à Tinerhir, à Goulmima, à Ksar es Souk, et à Erfoud au cœur du Tafilalet.”


En 1953
Chef du Territoire de Ouarzazate : Colonel de Fleurieu
Chef de Cercle : Colonel Tivolle

Si quelqu'un peut compléter, avant et après...