Le Sud-Ouest

Tazenakht

Mis à jour : mardi 4 juin 2013 15:08
La piste Ouarzazate - Tazenakht

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A. 1931. Ravitaillement en carburant sur la piste pendant une tempête de sable.
B. 1931. La légende de la photo indique "croisement de pistes".

Jean Ravennes. Extrait de : Aux portes du Sud - le Maroc. Editions Alexis Redier 1931
Nous devons quitter Ouarzazate, protégés par des autos mitrailleuses, car un fort djich est signalé à trente kilomètres de notre itinéraire. Au dernier moment, cependant, une panne retarde notre escorte et nous hésitons à entreprendre seuls vingt heures de piste dans la hammada désolée et les passes encore mal connues du Siroua.
- Inutile d’attendre, ordonne le chef de poste. L’effet moral, le seul qui compte, a été envoyé hier soir; les nouvelles vont vite ici; des indigènes, des cavaliers errants ont vu faire le plein des autos de fer; une heure après tout le désert était averti, personne ne se montrera aujourd’hui.
Personne ne s’est montré. Sur ces mortels espaces, nous n’avons rencontré, pendant les premières heures, que quelques colporteurs juifs, suivant leurs ânes chargés, et une fois, au loin, une de ces tentes plates de nomades, dont les grandes bandes sombres sont cousues bord à bord. Puis plus rien, 50° à l’ombre.
La voiture, petit four irrespirable, bondit sur la steppe d’alfa où serpentent d’anciennes traces; puis il faut s’arrêter pile au virage d’une étroite corniche qui pend dans un abîme lunaire. C’est la piste, rapidement ouverte et taillée par les compagnies de Légion, la piste qui épouse les moindres ressauts du terrain, fonce dans les gorges, en jaillit droite comme un mur, pour se perdre ensuite dans l’erg où nul repère, nul signe au lointain ne vous aide à la retrouver. Rude course de secousses et de grincements; à chaque instant, il semble que tout va se rompre; mais, décidément, on fabrique aujourd’hui de bons aciers.
Des cuvettes blanchies par les dépôts salins entourent Tazenakht, dernier poste avant un trou de deux cents kilomètres où il faudra se lancer à l’aventure.


1931.La_Bachkoune_1500_m
1931. Borne sur la piste du Poste de la Bachkoun
1500 mètres d'altitude

Victor Jean
: Sur les marches du Sahara occidental, Sud de l’Atlas. Article paru dans le Bulletin de L’Afrique française, mai 1931 
Extrait du reportage au cours de la visite du général Maurel :
"... Nous avons visité les postes établis le long de la piste qui, à travers un paysage fait de contrastes, assure la liaison entre Ouarzazate et Taroudant en passant par le Tizi n’Taratine à 1950 mètres d’altitude. Le col de Bachkoune, qui précède Tazenakht, rappelle celui du Tichka. La montagne est, ici, plus chaotique encore.
Sur le plateau supérieur un bordj est construit, à proximité de la route. Le drapeau flotte haut. Des spahis, superbes cavaliers, sont rassemblés. Deux officiers viennent saluer le général Maurel, qui passe rapidement une revue, émouvante non par le nombre des effectifs mais par la solitude du lieu et l’étendue des responsabilités confiées à cette petite troupe."

Poste et bureau des Affaires Indigènes

Mai 1931. Sur un mamelon, quatre murs blanchis à la chaux comme les petits bâtiments qu’ils abritent; une porte organisée pour la défense, entre deux piliers où flottent côte à côte les couleurs françaises, et le pavillon rouge étoilé de vert du Makhzen, dont la pointe embroche la boule dorée du Prophète, tel est ce poste type des confins de la dissidence. Enfermé avec quelques cavaliers indigènes du goum local, un unique officier, dit de renseignements, y vit à l’arabe, recevant les chioukh (1), étendant peu à peu notre influence par son habileté politique, par amour surtout du pays et des gens également farouches. Terré les premiers mois comme dans une cellule, il parcourt bientôt plus librement la contrée à mesure que son autorité morale grandit; on ne lui en donne pas d’autre, de peur d’aventurer notre prestige et souvent on ne le soutient pas. Âpre vie solitaire, où ne réussissent que ces apôtres du bled, qui se transforment souvent en apôtres tout court; les gens de la trempe du Père de Foucauld, et qu’une même vocation sollicite, ne sont pas rares, ici, dans le terrible silence des années ajoutées aux années; certes, ils ne font point de prosélytisme religieux; mais ils apprennent à dominer les âmes, dans un renoncement absolu d’eux-mêmes.

La première piste pour la vallée du Drâa passait par Tazenakht...

(1) pluriel de cheikh
Le poste des Affaires Indigènes de Tazenakht


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Lieutenant Gérard de Chomereau
Saint-cyrien de la promotion “Mangin” 1931, ancien chef du bureau des A.I. de Tazenakht.

Citation. De même qu’il avait maintenu au plus haut le moral et la combativité de ses tirailleurs sur le front de la Somme, au cours d’une longue captivité en Poméranie releva sans trêve celui de ses camarades, officiers d’active et de réserve, les fit bénéficier de sa connaissance du Maroc, des Marocains, de leurs parlers, de leurs traditions et de leurs usages, il suscita parmi eux bien des vocations d’officiers des A.I. et d’amis sincères du Maroc.
Le commandant Gérard de Chemereau est mort pour la France en 1946 en Indochine, à la tête d’un bataillon.


Le barrage de Taghdout

Tazenakht_barrage_1

Tazenakht_barrage_2




Général Paris Jacques de La Bollardière
En 1930, il est affecté au 146e RI, à Saint-Avold où il reçoit ses galons de sous-lieutenant le 30 octobre. Il sert alors au 173e régiment d’infanterie alpine, à Bastia. Il est promu au grade de lieutenant en 1932.
Affecté à la Légion en 1935, il rejoint le 1er Etranger à Sidi bel-Abbès pour 4 mois puis à la compagnie de sapeurs pionniers du 4e Etranger à Marrakech, avec laquelle il participe à la construction de la piste entre Agadir et Ouarzazate.
Lors de la déclaration de la 2e Guerre mondiale, il est affecté en renfort à la 13e DBLE avec le grade de capitaine et participe en 1940 à la campagne de Norvège.

Vers le Sud. Le 1er octobre 1931, le colonel Chardon procéda à l’installation d’un poste accessible par une piste dans l’oasis de Foum Zguid; celui-ci verrouillât le passage vers la vallée du Draâ.
De Ouarzazate, pour gagner le Souss, Taroudant et Agadir, la piste, partant du poste des Aït Ben Haddou, reçut un pont métallique à trois travées de 27 mètres d’une longueur totale de 82 mètres, œuvre du Génie militaire,  pour franchir l’oued Iriri.

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Remerciements

Merci à Madame Balmigère, à Madame Decordier, à Monsieur Lafite, à Madame Kerhuel et à Pierre Katrakazos pour avoir accepté de mettre leurs archives familiales à disposition. Sauf indication contraire, les documents reproduits font partie des archives de l’auteur.