La ville et son territoire

La vallée du Draa

Mis à jour : vendredi 27 novembre 2015 08:56
Le Moyen Draa

1954. Etude de Dj. Jacques-Meunier
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Les Draoua
Source : Mireille Morin-Barde, dans Coiffures féminines du Maroc, Edisud 1990.

Dans tous les districts de la vallée du Drâa, les Draoua représentent la population la plus nombreuse et la plus stable. Sédentaires pacifiques et laborieux, ils ont toujours été experts dans la culture des palmiers-dattiers qui font la richesse de la vallée et par la même experts à creuser les puits nécessaires à l’irrigation des palmeraies, soit par traction animale ou humaine, soit par le système du balancier dans les oasis méridionales.
La majorité des Draoua descend sans doute des anciens Harratines, population noire mais non négroïde, qui peuplaient les oasis en bordure nord du Sahara avant l’arrivée des Arabes et que les anciens appelaient Ethiopiens (aithiops signifie en grec “visage brûlé”) ou Kouchites, ou Hamites : Kouch, fils de Ham, fils de Noé, ou encore Nubiens pour les anciens Egyptiens qui appelaient Kouch la Nubie ou le Soudan. A ces Harratines ont pu se mêler des esclaves noirs amenés et laissés sur place par les anciennes caravanes.
Les Mezguita, exceptionnellement, étaient organisés comme une tribu et ne partageaient leur région avec aucune autre, n’ayant jamais demandé protection aux nomades. Le commandement a longtemps appartenu à la famille de Tamnougalt, les Oulad Lhassen. En aval d’Agdz se trouvaient les Ahl Telt et plus haut encore, les Aït Oufella, les gens du haut.
Les Mezguita parlaient berbère, mais ils obéissaient au droit arabe, le chra plus qu’à la coutume ou qaïda. Ils se nommaient eux-mêmes timesgita qui pourrait avoir la même origine que le mot “mosquée”, sans qu’on en aie une explication véritable, même si la première mosquée repérable se trouvait à Agdz. Dans tous les autres districts, chaque ksar constituait une unité sociale, peuplé en totalité par des Draoua ou partagé avec les anciens protecteurs, arabes ou berbères.
Étrangement, les femmes drawiyat de chaque district avaient un mode de coiffure particulier qui les caractérisait des autres, autant par la façon de natter leurs cheveux que par les ornements qu’elles y ajoutaient.
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Les Arabes des régions présahariennes sont pour la plupart les descendants des bédouins qui, avec familles et troupeaux, ont parcouru tout le Nord de l’Afrique. La tribu des Maquil, qui suivit la troisième vague des Hilaliens, fut à peu près la seule à poursuivre sa migration jusqu’au Maghreb el Aqsa, le pays du Couchant, où ils parvinrent au milieu du XIIIe siècle. Si certains continuèrent à mener une existence errante beaucoup se contentèrent d’une sédentarisation partielle dans les palmeraies. Leur arrivée, puis leur installation marqua profondément la vie et l’histoire de la vallée du Drâa; la langue arabe se répandit et la vie pastorale s’accentua.
Les Roha furent les premiers à s’installer dans la moyenne vallée. Plus nombreux les Oulad Yahia les suivirent et les repoussèrent vers l’aval, pour s’installer sur la rive droite. Les uns comme les autres s’allièrent avec les Aït Atta, les Roha avec les Aït Ounir et les Aït Isfoul, les Oulad Yahia avec les Msoufa. D’autre part, les Draouas s’adressèrent aux Aït Seddrat du Dadès qui vinrent s’installer en amont dans le district faisant suite aux Mezguita.
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Les Oulad Yahia
Occupant des ksour situés dans plusieurs districts jusqu’au Ternata, ils se trouvaient en bordure d’un vaste massif peu élevé et aride, la Koudia, qui leur permettait de mener parallèlement une vie pastorale en conduisant leurs troupeaux vers le Siroua. Les Oulad Yahia, qui avaient quelques ksour le long de l’oued el Gloa, nomadisaient jusqu’aux maïders du Drâa qu’ils cultivaient, après les crues, avec les Arib, restés grands nomades. Ils ont conservé longtemps une certaine indépendance grâce à l’autorité de leur chef héréditaire, le caïd el Arabi. Pour régler leurs affaires courantes, ils obéissaient à la “coutume” alors que paradoxalement certains Berbères se référaient au droit arabe (chra).
Les Arib
Descendants des Maquil et grands nomades sahariens, les Arib furent appelés dans le Drâa par un chérif local qui leur permit d’abord de gagner la moitié d’un ksar que, famine aidant, ils ne tardèrent pas à posséder en entier, et d’autres encore dans la palmeraie du Mhamid, sur la rive gauche du Drâa, en face des Aït Alouane installés sur la rive droite.
Nomades arabes et berbères se partageaient ainsi les avantages que rapportait leur protection des sédentaires cultivateurs, bien que le Mhamid qui, au temps de Taragale ??, était considéré comme un grenier, soit devenu une palmeraie assez défavorisée où les palmiers étaient clairsemés et qui tenait son nom d’une tribu plus tard disparue, les Mhamid. Les Arib avaient également pris pied au Ktaoua mais n’allèrent pas au-delà. Caravaniers et éleveurs de chameaux, ils formèrent une grande confédération de tribus se répartissant en Arib de l’Est et Arib de l’Ouest. Ces derniers seuls avaient des attaches dans le Drâa et s’y repliaient à l’automne pour surveiller la récolte des dattes, part importante de leur alimentation de nomades. Le reste de l’année ils gravitaient autour du cours saharien du Drâa.
Dans l’histoire : les Arib formaient l’essentiel de la caravane à laquelle se joignit René Caillié, de Tombouctou au Draa, en 1827. Il en décrit le campement “à deux jours d’El Draa”. Des Aït Khebbache complétaient vraisemblablement la caravane. En 1883, Charles de Foucauld trouva des Aribs à l’endroit où les avait quittés René Caillé, ils n’y campaient plus mais venaient de s’y construite le ksar El Zaïr.
Le Arib parlaient l’arabe mais ils comprenaient le berbère des Aït Alouane et des Aït Khebbache qui vivaient le même nomadisme saharien. Ils étaient souvent considérés comme des “Beraber” par leurs frères de l’Est, d’autant plus qu’ils furent un temps rattachés aux Aït Atta à qui ils devaient avoir recours pour se rendre dans le Draa.
Les Chorfa (pluriel de “chérif”)
On trouve des Chorfa ou descendants du Prophète dans tout le Maroc présaharien, mais ils ne se rattachent pas tous à la même dynastie et leurs ancêtres ne sont pas arrivés à la même époque. Les Idrissides et leurs descendants eurent dès le VIIIe siècle des contacts avec le Sud; on frappait des monnaies à leur nom à Todrha qui avait une mine d’argent. El Bekri cite l’un d’eux comme seigneur du Draa. Ils jouèrent un rôle déterminant pour l’installation des Aït Seddrat dans les vallées du dadès et du Draa.
Les Chorfa saadiens, bien qu’originaires du Draa, ne semblaient plus y avoir de descendants dès le XXe siècle, alors qu’on y trouvait des Idrissides et des Alaouites. Ces derniers étaient naturellement beaucoup plus nombreux dans le Tafilalet où ils formaient un groupe important bien organisé. Leur appartenance à la dynastie régnante favorisa leurs liens avec Fès qui fut longtemps capitale et dont l’influence se retrouvait dans l’architecture de certains ksour.
Les chérifat du Tafilalet avaient une parure qui permettait de les reconnaître, leurs bijoux plus citadins, comportant souvent de l’or, alors que les autres femmes du Sud marocain s’en tenaient uniquement à l’argent.

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Tamgrout, du spirituel au temporel

Source : En grande partie d’après un texte de Mohamed El Manouar

D’une connotation amazigh, le nom de Tamgrout est féminin de la racine « gru » d’où « gru yid ; igra yid » qui signifie « passer », « passe me voir ; il est passé me voir » et par extension Tamgrout qui veut dire « celle qu’on passe voir, visiter, où on se repose ». Il désigne donc un lieu de passage, donc une étape presque obligée dans cette artère commerciale qui faisait jadis le bonheur des négociants caravaniers qui commerçaient avec Gao et Tambouctou et qui faisaient, pour ainsi dire, la jonction entre le Nord et le Sud, c’est-à-dire le reste du Maroc.
Le déclin de la grande métropole méridionale, du grand caravansérail que constitua Sijilmassa et sa destruction ont contribué au déplacement de cette activité vers l’Ouest, c’est-à-dire vers la région de Drâa. Grâce aux mesures de sécurité prises par Moulay Abdellah (1557-1574) et Moulay Ahmed Al Mansour (1578-1603), le Drâa connaît dans la seconde moitié du XVIème siècle une ère de prospérité qu’il ne retrouvera plus par la suite.
Situé sur la rive gauche de l’oued Drâa, le village de Tamgrout est l’une des agglomérations les plus importantes de la région. Village fortifié et entouré de palmeraies et de vergers, quatre portes débouchent sur ses ruelles labyrinthiques. Il est le siège de l'une des plus prestigieuses confréries religieuses du Maroc : la zaouia An-Nassiriyya et également l’une des plus grandes bibliothèques de tout le Maroc méridional. Tamgrout est également connu par ses potiers et ses activités artisanales. Plusieurs sources concordent pour soutenir que Tamgrout aurait été de fondation juive. Mme Dj. Jacques-Meunié souligne, en effet, que « le coude de Drâa passe pour avoir été alors le site d’un royaume juif très prospère, ayant Tazrout pour place forte et Tamgrout pour capitale ».

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Jardin de la zaouia en 1937

Naissance d’une zaouia

La zaouia de Tamgrout fut fondée en 1575-1576 par Abou Hafs Omar ben Ahmed Al Ansari originaire de la zaouia Sidi Annas. La fondation correspond à la guerre qui a opposé les Saâdiens aux Portugais qui se sont alliés à Al Moutawakkil. La guerre est connue sous le nom de guerre des Trois Rois ou la guerre de l’Oued Al Makhazine dans le nord du pays. Elle a consacré la prééminence du sultan Saâdien Ahmed Al Mansour, le victorieux, dont les origines sont précisément de Tagmaddart dans le Drâa. Plus tard, la décadence de la dynastie contribue au développement du mouvement des confréries à travers tout le pays.
Lalla Mimouna, la fille du fondateur, donne naissance à Sidi Ahmed ben Brahim, élève du qutb (pôle) Abdellah ben Hsayn, lui-même disciple du soufi Ahmed ben Ali Al Hajji ad-darâi qui fut initié par Al Ghazi de Sijilmassa. Après la mort du fondateur, la direction de la zaouia passe à deux personnes. Lalla Mimouna s’occupe de la gestion du patrimoine alors que la direction spirituelle est confiée à Sidi Abdellah ben Hsayn. C’est ce dernier qui la confie à son tour en 1635, date de sa mort, au fils de Lalla Mimouna, Sidi Ahmed ben Brahim. En épousant Hafsa, une de ses parentes, ce dernier consolide l’héritage familial.
C’est avant la mort de Abdellah ben Hsayn et l’accession de Ahmed ben Brahim à la direction que se situe l’arrivée de Mohamed ben Nasser à Tamgrout, alors que son âge ne dépassait la trentaine, c’est-à-dire dans les années 1630. Sidi Mohamed s’y rend pour parfaire et approfondir sa formation théologique et sa culture générale. Mohamed ben Nasser devint l’élève et le disciple préféré du maître de l’heure qui le désigna, de son vivant, comme son successeur. Il sacrifia son lignage des ansariyyin au profit de la piété et de la maîtrise parfaite des connaissances dont un disciple, fut-il, étranger, a fait preuve. En 1642, la direction de la zaouia passe théoriquement au disciple.
Le lignage des Ansariyyin est au faîte de sa puissance et ne peut que voir d’un mauvais œil l’avènement impromptu d’un étranger, de surcroît, issu d’une famille modeste. Selon A. Hammoudi, « les Ansariyine peuplent à l’époque toute la partie méridionale de la palmeraie du Fezzouata. Ils sont bien connus puisqu’ils ont fondé Tamgrout. Plus encore, ce sont eux qui gardent l’accès si dangereux de la palmeraie du Ktaoua par le Foum Takkat; leur influence parmi les Aït Atta garantit leur prestige et leur fortune. Ils ont des zaouias dans le Ktaoua et dans le Touat ».
Spillmann signale également l’existence des Ansariyyine au Sud de Tamgrout à Qsar Lansar (1). L’opposition, selon l’historien An Nassiri, était telle que Sidi Mohamed ben Nasser s’est vu obligé de fuir Tamgrout pour se réfugier dans sa zaouia natale à Aghlan dans le Drâa. Malgré les réticences de Hafsa dont il assure la tutelle après la mort de son maître, Sidi Mohamed finit par emmener avec lui la veuve et les filles du défunt. En 1645, il réussit à réintégrer Tamgrout après avoir épousé Hafsa bent Abdellah Al Ansariyya à laquelle il confie la gestion du sanctuaire pour prouver, semble-t-il, son désintéressement matériel.
C’est le début d’une ère nouvelle, celle qui marquera, après une période de transition, la prééminence des Nasiriyyin. Plusieurs facteurs ont concouru à la réussite de l’œuvre pourtant délicate. Sa piété et son érudition ont vite jeté le voile sur les anciens chioukh de la zaouia. Il rompt avec la passé. Il est désormais considéré comme le premier moqadem de la confrérie en réussissant à fonder et à imposer l’ordre des Nassiriyyin auquel son nom reste, jusqu’à nos jours, intimement lié.
Sidi Mohamed Ben Nasser a fait six pèlerinages à La Mecque. Chaque voyage s’est transformé en périple de plusieurs années : le savant a parcouru l’Ethiopie, l’Arabie, l’Egypte, l’Irak, la Syrie, la Perse et est arrivé aux confins des Indes. Il en rapporta d’innombrables ouvrages écrits sur le monde islamique et décida de créer une université coranique qui recevra plus de 1 500 étudiants accourus de tout l’Orient. Lorsqu’il s’éteint, en l’an 1085 de l’hégire (1707 de l’ère chrétienne), la bibliothèque de Tamgrout, avec ses 4 000 ouvrages, est l’une des plus riches d’Afrique du Nord.
Le fondateur de l’ordre des Nassiriyyin
Né à Aghlan en 1603 ou 1606 selon d’autres sources,  non loin de Tamgrout dans la vallée de Drâa, Sidi Mohamed ben Nasser s’y fixa. Son accession à la direction suprême de la zaouia ne fut pas une mince affaire. Elle fut une véritable compétition, voire un conflit ouvert avec le lignage fondateur de Al Ansariyyine. Mohamed ben Nasser ne trouva son salut que dans une série d’alliances et de concessions. Hafsa Al Ansariyya, devenue son épouse et mère de son fils et successeur Ahmed, a certainement joué un rôle important dans cette mutation.
L’ordre provient donc d’une filiation mystique qui remonte au Soufi perse Junayd reprise au Maroc par Bouchaïb Ad Doukkali et transmise par Moulay Bou Azza, Sidi Harazem, Moulay Abdesslam ben Mchich et Achadili dont les disciples sont nombreux. Ces derniers fondèrent plusieurs zaouias à travers le pays.
Tout l’enseignement d’Ibn Nasser repose sur la volonté de combiner la science islamique au respect de la sunna et l’exemple du Prophète et « faire une guerre inexpiable à toutes les anciennes coutumes que l’instinct héréditaire, légué par leurs ancêtres païens aux nouveaux musulmans fait survivre et se manifester des siècles après l’islamisation » (2) Bodin cité par G. Draague. Toute sa vie est réglementée par plusieurs contrôles, par une abstinence entière envers tout ce qui est susceptible de l’égarer de l’exemple donné par le Prophète. Tout ce qui transcende ce cadre de référence est « innovation impie (bidâa), toute innovation est déviation et toute déviation est vouée aux flammes de l’enfer ».
La prééminence de la zaouia
La prééminence de la confrérie trouve ses raisons d’être d’abord dans la personnalité du fondateur de l’ordre et des premiers chefs de la zaouia, de leurs réformes mystiques qui ont su s’adapter à l’environnement social direct et ensuite aux conjonctures propitiatoires qui ont encouragé et rendu possible la consolidation des pouvoirs locaux surtout au niveau d’un  espace qui n’est point sous l’emprise directe du pouvoir central. En effet, la destruction de grands centres religieux comme Dila et Illigh a contribué à la consolidation du centre de Drâa.
Après sa mort en 1674, son fils et khalifa Ahmed ben Nasser lui succéda et contribua notamment au rayonnement du centre religieux et à l’enrichissement de sa bibliothèque. Tamgrout fut le grand centre spirituel et intellectuel de tout le sud marocain. Nous y retrouvons par intermittence le grand docte marocain Sidi Lahcen Lyousi. Lyousi, de la tribu amazigh des Aït Yousi, au Sud de Fès, était l’un des grands érudits qu’ait connu le XVIIe siècle marocain. Il est l’un des rares savants qui n’ont pas été formés dans les écoles de Fès. Sa culture était plutôt rurale. Malgré ses multiples pérégrinations, c’est auprès du cheikh Ben Nasser, que sont restées ses attaches. Jacques Berque note à ce sujet que :  « Tamgrout est pour lui non seulement le lieu de l’initiation, mais le point de rencontre avec la culture du Sud, à laquelle il demeure fidèle ».
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Les relations avec le Makhzen
Les premiers chioukh se refusèrent à faire la prière du vendredi au nom du Sultan en raison notamment d’un rigorisme doctrinal. Ibn Nasser ne suivit ni le mahdisme d’Abu Mhalli ni la défense du Jihad du fait que celui-ci était un tremplin pour la détention du pouvoir temporel. Tamgrout connaîtra au grès de ses relations avec le pouvoir politique et à son essaimage sur des rayons qui dépassent les limites du pays, une véritable prééminence dans beaucoup de domaines. En effet, son essaimage a contribué à l’accumulation de richesses et, par conséquent, à l’exercice d’un pouvoir économique et politique.
Moulay Rachid, dans sa stratégie de lutte contre les zaouias détruisit Dila, en 1668, et voulut s’emparer de Tazerwalt. En 1670-71, après Illigh, il envisageait d’attaquer Tamgrout. Sa mort en 1672 ajourna ses projets. Les relations avec le Makhzen connurent des fluctuations et des incertitudes pendant le règne de Moulay Ismaïl.
En 1761, le cheikh de la zaouia, Youssef ben Muhammed Lakbir, prête serment de fidélité au sultan Muhammed ben Abdellah (1757-1790) et se rallie officiellement au Makhzen, ce qui permit à la confrérie, pendant plus d’un siècle, de devenir l’une des zaouias les plus importantes du Maroc et en même temps le début du détachement de plusieurs zaouias qui lui étaient jusque là affiliées.
Ahmed ben Abi Baker fut tué en 1919 par les Aït Atta en raison de son alliance avec les Glaoua et l’autorité française. Le centre étant alors en plein marasme, les conflits internes et les attaques externes contribuèrent à le plonger dans une décrépitude qui ne connaîtra point de répit.
La pénétration coloniale, et plus tard, les compétitions et les luttes pour l’accession au pouvoir ont jeté le discrédit sur la confrérie qui était avant tout de dimension rurale pour faire prévaloir non sans peine la dimension citadine. Cette lutte a fini par éroder les systèmes de confréries dans leur quasi-totalité et a réussi à les confiner dans des rôles subsidiaires à dimension purement locale sans réelle velléité.
Aujourd’hui, la zaouia est toujours dirigée par un descendant du fondateur, Sidi Mohamed Ben Nasser. Actuellement, plusieurs des trésors de la bibliothèque d’origine y sont exposés. Les manuscrits les plus anciens, en peau de gazelle, écrits à la plume de roseau taillé et trempé de brou de noix, remontent au XIe siècle. Certains sont enluminés : les couleurs sont aussi fraîches qu’il y a dix siècles. L’indigo pour le bleu, le henné pour le rouge, la décoction d’herbes pour le vert. La sécheresse du climat, pour une fois bienvenue, assure aux textes une parfaite conservation. Médecine, astronomie, droit coranique, littérature, grammaire, histoire, poésie, algèbre, rhétorique et philosophie : toutes les disciplines sont représentées dans cette bibliothèque prisée des érudits du monde islamique. Le conservateur, fervent admirateur de Lyautey, a dépassé 80 ans. Il est dans la fonction depuis 1959. Une charge quasi héréditaire : son fils,  le Cheikh Redouane Ben Cheikh Benaceur Naciri qui le seconde, lui succédera et compte bien transmettre le métier à son propre fils.
Le sanctuaire renfermant les tombeau de Mohamed ibn Nasser et de son fils Ahmad, que surmonte une koubba, est situé à côté de la mosquée mitoyenne des bâtiment annexes contenant la zaouia et la bibliothèque. Ahmad a accru le fond des manuscrits en commandant, achetant, copiant lui-même ou faisant copier des livres empruntés à cette fin dans les zaouias et les grandes universités du Maghreb. Beaucoup de copies ont été également réalisées par les professeurs et les étudiants de la zaouia; sans nul doute, fonctionnait là un important atelier de copistes.
La bibliothèque fut ouverte en 1956 après l’indépendance. Des savants en firent l’inventaire : 1165 manuscrits, parmi les plus importants, furent transférés à la Bibliothèque Générale des Archives de Rabat, pour y être traités, classés et catalogués; le reste fut laissés sur place à disposition pour consultation par les élèves qui profitent toujours de l’enseignement de la zaouia.(3)
Le matin : 26 - 12 - 2007
Projet d'extension et d'aménagement de la Zaouia Nassiria et de ses dépendances. D'un coût de 8,2 millions de dirhams, les travaux seront financés par le ministère des Habous et des Affaires islamiques. Ce projet dont les travaux s'étaleront sur une durée de 18 mois, porte notamment sur la restauration du mausolée, la réfection de la bibliothèque et du pavillon de l'enseignement (école d'enseignement originel, bibliothèque), l'aménagement d'espaces verts et la construction d'un mur de clôture et d'une maison d'hôtes, outre des salles d'études et de lecture, ainsi que d'autres dépendances.
La Zaouia Nassiria comprend un institut d'études religieuses composé de cinq salles d'études et d'une résidence pouvant abriter près de 120 étudiants. Les cours, suivis actuellement par 41 étudiants au sein de l'institut, rentrent dans le cadre de l'enseignement traditionnel. Ils sont encadrés par un directeur et quatre cadres pédagogiques, en plus du personnel administratif.
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La zaouia en 2008.


Maghreb Press
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Zagora : décès du doyen de la zaouia naciria à Tamgrout
Le doyen de la zaouia naciria à Tamgrout (province de Zagora), Sidi Bennacer Ben Abdeslam Naciri est décédé jeudi.
Un communiqué du ministère des Habous et des Affaires islamiques a indiqué que sur ordre de SM le Roi Mohammed VI, Amir Al Mouminine, une délégation conduite par le ministre des Habous et des Affaires islamiques, M. Ahmed Taoufiq s'est rendue à la zaouia naciria pour assister aux obsèques du défunt et présenter les condoléances à sa famille et à l'ensemble des disciples de la zaouia. Son fils, Cheikh Redouane Ben Cheikh Benaceur Naciri, en tant que successeur est le dixième doyen de la Tarika.
(1) G. Draague, pseudonyme du lieutenant G. Spillmann, des Affaires indigènes, signale également l’existence des Ansariyyine au sud de Tamgrout à Qsar Lansar (Esquisse d’histoire religieuse).
(2) Bodin cité par G. Draague.
(3) Latifa Benjelloun-Laroui : Les bibliothèques au Maroc. Maisonneuve et Larose 1990


Le gîte d'étape de Zagora


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Inauguration, photo Bertrand Marrakech
Archives Danier Rodier


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1950. Salon du gîte d'étape.
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Zagora, jour de fête

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Femme indigène


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Le potier de Zagora

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