Les Glaoua, maîtres du Sud

Les Glaoua dans le Todgha

Création : mercredi 14 août 2013 17:09

Au début du XIXe siècle, sous Moulay Sliman, une harka conduite par le sultan en personne passe au Todgha venant de la Moulouya. Elle campe à Ighir el Mehalt, colline qui domine Tinghir et où a été construite, en 1919, la maison de commandement des khalifa Glaoua. Pour châtier les habitants du ksar d'El Hart n'Imziwane de leur résistance à la harka Makhzen, le sultant fait déporter à Meknès toute la population de ce ksar, hommes, femmes, vieillards et enfants.

Au bout d'une année d'exil, les Aït el Hart implorent le Sultan par l'intermédiaire d'un chérif d'Ouezzane, Sidi el Hadj Larbi, auquel ils promettent en échange de leur libération, d'envoyer chaque année, à Ouezzane, une quinzaine des leurs travailler dans les propriétés des chorfas.

Les Aït el Hart tiennent toujours leurs promesses ; tous les ans, un tour de départ est organisé parmi les habitants d'El Hart qui se rendent à Ouezzane sous la conduite d'un Moqadem (1930).

Avant que les Glaoua ne prennent pied dans la vallée du Dadès et au Todgha, les Ahel Todgha étaient placés sous le commandement du caïd Sidi el Hadj Jillali Demnati, qui venait de temps en temps avec une harka effectuer une tournée et percevoir des impositions.
En 1892, le sultant Moulay Hassan passe au Todgha en rentrant du Tafilalet et rejoint Marrakech en empruntant les cols de Telouet où les Glaoua organisent, en son honneur, des réceptions grandioses (dons d'un canon et d'armes par le Sultan en remerciement). C'est à cette époque que commence l'ascension des chefs glaoua. Le Sultan nomme Si el Madani Glaoui Khalifa du Makhzen au Tafilalet. Ce dernier y séjourne un an et en profite pour s'attribuer le commandement des tribus échelonnées le long du couloir Dadès, Todgha, Ferkla, Tafilalet dont il se fait confirmer la possession, en 1910, alors qu'il est grand vizir et tout-puissant à Fez.

En 1918, à la mort de Si el Madani Glaoui, toutes les tribus échelonnées de Telouet au Tafilalet passent sous le commandement de Si Mohamed ben Mohamed el Mezwari el Glaoui, dit « Si Hammou », avec cette restriction que, le pacha Si el Hadj Thami Glaoui, successeur direct de Si el Madani conserve la direction politique générale.

En 1919, à la suite des événements du Tafilalet, le général de Lamothe organise, de concert avec le pacha de Marrakech, une harka glaoua pour décongestionner le front français du Ziz. El Hadj Thami profite de cette occasion pour réorganiser le commandement du Todgha ; il nomme les chioukh et fait bâtir une maison de commandement à Ighir el Mehalt, au-dessus de Tinghir où un khalifa glaoui est laissé en permanence. La harka du Todgha a un plein succès sanctionné par la venue au Todgha du général de Lamothe, le 2 février 1919.

L'année suivante, en 1920, une autre harka glaoua revient au Todgha : « Alors que celle de 1919 répondait à des nécessités de politique générale, d'ordre stratégique, puisqu'il s'agissait de coopérer au dégagement du Ziz et du Tafilalet et de faciliter les opérations de la colonne de Bou Denib en faisant diversion par l'oest contre Moha n'Ifrouten, la harka de 1920 revêtait simplement le caractère d'une opération de police effectuée par les Glaoua à l'intérieur des territoires figurant sur leur de commandement. » Rapport du Colonel de La bruyère.

Comme en 1919, cette harka réussit parfaitement, l'ordre est rétabli, un khalifa énergique, Said ou Laid ou Tifnout est laissé à Tinghir, avec une fezza glaoua. Depuis 1919, l'agitation a repris au Togha. Petit à petit, les Glaoua pnt dû abandonner les ksour du Bas Todgha ; la régression de leur autorité a été particulièrement nette en 1929 et, depuis, le bastion glaoua ne compte plus que la kasba du Khalifa Said ou Laid ou Tifnout, toujours en fonctions, Tinghir, et quelques ksour de ceinture.

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