Affaires indigènes

La santé publique dans le Sud

Mis à jour : mardi 13 décembre 2016 08:29

Là, plus qu’ailleurs, pendant toute la période du Protectorat, la vigilance a été constante pour endiguer les grandes maladies, terribles fléaux de l’Ancien Maroc. 

En 1956, les maladies comme la variole et le typhus n’étaient plus que des souvenirs. Les affections encore à l’état endémique... paludisme, syphilis, trachome, tuberculose, étaient poursuivies dans tous leurs repères.

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Pour dépister le paludisme, la Santé Publique possédait des lieux de captage d’anophèles afin d’étudier les espèces des moustiques et leur densité dans le secteur. Des équipes volantes d’infirmiers étaient constamment en déplacement dans les lieux menacés.
Lorsque dans une tribu, des cas nouveaux étaient signalés en quantité anormale, des médecins spécialistes se rendaient sur place, procédaient à l’examen des rates de tous les sujets, répandaient du mazout dans les mares, des insecticides dans les habitations.
Pour la tuberculose, ce furent des visites de dépistage par camions radiologiques, des vaccinations massives au B.C.G.
La campagne antisyphilitique s’effectuait d’abord par l’éducation de la population au moyen de séances de cinéma, qui leur montraient les méfaits de cette maladie lorsqu’elle n’était pas soignée à temps. Les habitants venaient ensuite pour les prises de sang, et les sujets positifs étaient traités par de fortes doses de pénicilline; leur conjoint, les enfants et tous ceux vivant sous le même toit, subissaient le même traitement. Si la proportion des malades d’une tribu atteignait un certain taux, on faisait alors indistinctement des piqûres à tous les sujets.
Pour la trachome, affection oculaire très contagieuse conduisant à la cécité, le dépistage se faisait par des équipes disposant de damions ophtalmologiques avec salle d’opération. Ces véhicules auxquels étaient affectés des praticiens français et des infirmiers marocains, parcouraient tout le Sud durant la saison chaude et travaillaient dans des conditions extrêmement pénibles, couchant sous la tente, et souvent reçus chez l’habitant. La pommade ophtalmique et l’auréomycine, dont l’usage était très répandu, fut mise en vente pour la modique somme de trente francs de l’époque dans tous les bureaux de tabac du Sud. La Santé Publique du Protectorat avait pensé que c’était un moyen de diffusion commode et efficace contre le terrible trachome. Le même produit coûtait quatre fois plus cher en France.

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Toutes les écoles furent visitées durant la période des classes, les enfants furent traités contre les grands fléaux énumérés ci-dessus et vaccinés contre la variole et la tuberculose. Aucun effort ne fut négligé pour sortir le peuple marocain de sa misère physiologique, et pour le préserver des risques d’épidémie toujours à craindre dans les pays chauds.
Les services vétérinaires par ailleurs, vaccinaient le bétail; les moutons, richesse du pays, étaient traités chaque année par des bains parasiticides dans toutes les tribus. Des stations expérimentales pour améliorer par des croisements le cheptel ovin et bovin, furent créées.
L’examen bactériologique des eaux d’alimentation avaient lieu tous les six mois, même dans les régions les plus éloignées.

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Couverture d'un cahier d'école au Maroc

Il est bon de rappeler que tous les examens, tous les médicaments distribués étaient entièrement gratuits.